Qu’est-ce qui vous a attiré l’un vers l’autre ?
Premier épisode d’une série d’articles extraits du livre d’Odile CHAUVET
IL : nous nous sommes rencontré dans un « G.B.U. » (Groupe Biblique Universitaire) qui réunissait des étudiants autour de la Bible pour comprendre la société d’aujourd’hui à la lumière de la Parole de Dieu. ELLE était nouvellement arrivée dans le groupe, invitée par une amie. J’ai tout de suite « flashé » sur elle, je la trouvais vraiment très jolie.
ELLE : ayant changé de région, j’étais toute contente d’être si bien accueillie par ce groupe et je me suis retrouvée effectivement très entourée. L’effet que je faisais sur lui ne m’avait pas échappé, d’autant plus qu’il faisait écho au mien. Il avait un je-ne-sais-quoi de plus.
IL : elle se démarquait des autres, je ne pourrais pas l’expliquer, comme si elle était d’un autre monde, à part. En même temps, j’avais l’impression que je la connaissais depuis toujours, qu’elle existait déjà dans ma tête et ressemblait à l’idée que je me faisais de ma compagne de vie.
ELLE : j’ai rapidement été attirée par sa gentillesse, sa discrétion, sa manière de participer aux discussions avec ses réflexions originales. Il paraissait sûr de lui mais sans s’imposer et semblait attentif à ce qui se passait autour de lui … Même si je trouvais qu’il mettait du temps pour montrer qu’il me trouvait différente des autres filles !
IL : ça me dérangeait de manifester mon intérêt pour elle en groupe, au vu et au su des autres, j’aurais eu l’impression d’exhiber quelque chose d’intime. Je désirais que notre relation reste privée, différente des relations du groupe. J’avais assez de fierté pour refuser de faire partie de sa cour. Je voulais être différent et j’attendais le moment propice où je pourrais être avec elle et lui exprimer ce que je ressentais pour elle. J’étais bien sûr très attiré physiquement par elle.
ELLE : j’ai eu très vite la conviction que c’était « l’homme de ma vie », que cela se concrétise ou non. J’avais l’impression d’être arrivée à ce que je cherchais depuis longtemps. En même temps, j’avais le sentiment de l’avoir toujours connu, comme s’il avait fait partie de ma vie sans que je ne le sache et que je le découvrais seulement maintenant. C’était vraiment étrange ce que j’éprouvais avec ce mélange de connu et d’inconnu, de sécurité et de risque, de semblable et de différent qui produisait en moi un élan de tout mon être vers lui.
IL : je ne pourrais pas aussi bien définir ce que j’éprouvais pour elle, mais il est clair qu’elle exerçait sur moi une forte impression et que j’étais irrésistiblement attiré par elle. Je n’avais qu’une idée : la conquérir, tout faire pour l’extraire du pouvoir de séduction des autres, la convaincre que j’étais celui qui seul pourrait la rendre heureuse. Et j’étais bien décidé à tout faire pour cela !
ELLE : une panne de ma voiture m’a donné l’occasion de lui demander s’il pouvait me ramener là où j’habitais avec ma famille. Nous étions très intimidés et ne savions pas comment faire pour entamer la conversation. Alors, nous nous sommes regardés et, dans nos yeux, nous avons lu comme dans un miroir les sentiments de l’un pour l’autre. Quelque chose a jailli, qui nous a submergés, retournés, éblouis. Je crois que c’est à ce moment-là que nous avons tout compris, nous avons eu la conviction que notre avenir était commun.
IL : pas dans le sens d’ordinaire, mais de vivre ensemble ! C’est vrai que c’est le regard de l’un sur l’autre qui a déclenché la prise de conscience de nos sentiments réciproques. Il n’y a pas eu besoin de beaucoup de mots, tout passait par un langage autre que verbal, par ce que nous ressentions en nous-mêmes, dans notre être tout entier, dans un plein élan l’un vers l’autre.
ELLE : c’est une impression extraordinaire et enthousiasmante que de se sentir choisie, préférée à d’autres, de comprendre qu’on est l’unique, celle qui est considérée comme seule capable de combler les attentes et les désirs de l’être aimé.
IL : il est tout aussi exaltant et flatteur pour son amour-propre, d’avoir réussi à gagner le cœur de celle qu’on a choisie pour être sa compagne. Elle est celle qu’on estime capable de remplir cette place vacante à ses côtés, place qui ne peut pas être occupée par n’importe qui et qui est réservée. Je savais au fond de moi qu’elle était ce vis-à-vis que Dieu a voulu quand Il a créé la femme en face de l’homme, mais aussi à ses côtés.
ELLE : nous avons beaucoup parlé : de nos goûts, de nos attentes de la vie, de la façon dont nous envisagions les choses, de nos familles respectives et de l’éducation reçue. Nous nous découvrions beaucoup de points communs et nous étions heureux de partager tout cela.
IL : je me rendais compte qu’il y avait beaucoup de similitudes entre nous et que c’était important pour comprendre que nos vies pouvaient se fonder sur ce terreau commun. Mais je découvrais aussi que j’abordais une « île inconnue » avec de multiples différences, des avis opposés sur certains sujets, des comportements incompréhensibles, des paroles imprévisibles. J’étais parfois désorienté, inquiet quant à la validité d’une vie commune, agacé par ce qui me paraissait comme des mesquineries ou des caprices.
ELLE : je me rendais compte que parfois IL ne comprenait pas mon point de vue … et je ne comprenais pas pourquoi. Je pensais que le meilleur moyen d’effacer ces désaccords c’était de ramener notre relation sur le plan amoureux… et ça marchait toujours !
IL : c’est vrai que nous ne nous lassions jamais de ces moments où nous exprimions notre amour l’un pour l’autre, c’était le meilleur. Nous étions transportés ailleurs, sur une autre planète, dans le paradis où il n’y a que l’amour à la source et où n’existent plus les causes de conflits.
ELLE : nous étions sûrs de nos sentiments l’un pour l’autre et qu’ils étaient assez solides pour nous permettre d’envisager le mariage. Nous avons décidé de nous présenter mutuellement nos familles respectives.
IL : c’était important pour moi d’avoir l’opinion de mes parents sur la femme de ma vie, qu’ils me confirment d’une certaine manière que je ne me trompais pas et surtout qu’ils me donnent leur approbation.
ELLE : je savais que ma mère l’apprécierait, mais pour mon père c’était une autre histoire. J’étais sa fille unique, en dehors de mes frères et il ne voulait pas « n’importe qui » pour moi. Il était très soucieux de mes fréquentations et méfiant. J’appréhendais la rencontre, tout en sachant qu’Il ne pouvait que plaire à mes parents.
IL : j’ai été invité à manger chez ses parents. Je me suis mis sur mon trente et un et j’ai suivi à la lettre ses recommandations pour mettre tous les atouts de mon côté. C’est moi qui ai été séduit par leur gentillesse, leur accueil, leur désir que je me sente à l’aise avec eux, même si je les sentais un peu intrigués.
ELLE : chez lui, je me suis sentie observée, jaugée par la maman. Par contre, j’ai été acceptée tout de suite par le papa. Les deux m’ont bien reçue et ont compris qu’aux yeux de leur fils, j’étais la « femme de sa vie »
Savoir vivre en couple | La rencontre amoureuse épisode1
NOUS : Être profondément amoureux bouleverse tout notre être, dans toutes ses dimensions et devient source de plaisir, de bien-être et de plénitude intérieure. C’est une dynamique qui communique le désir de créer quelque chose ensemble, l’élaboration d’un projet commun qui nécessite une collaboration, une alliance. L’amour est une révolution dans tous les sens du terme et transforme chacun de ceux qui y sont impliqués. Il importe de prendre conscience que l’attrait sexuel n’est pas l’amour : l’amour est composé d’un ensemble de facettes.
Dans l’amour qui unit un homme et une femme pour la vie, toutes les facettes sont utilisées. C’est ce qui permet de construire dans la durée la permanence du lien, l’espérance. La rencontre amoureuse arrive comme un imprévu, une circonstance exceptionnelle qui survient et chamboule l’habitude, quelque chose qui nous tombe dessus sans que nous l’ayons cherché sans que nous nous y attendions, de façon fortuite, mais toujours au moment où nous sommes prêts à l’accueillir. Il y a cette étincelle, cette impression de ne plus nous appartenir à nous-même mais d’être investi dans un autre être, ce sentiment d’être dépossédé de nous-même pour être « envahi » par un autre, ou plutôt de voir la place libre à nos côtés soudain occupée. De réaliser aussi que seule cette personne pouvait investir cette place et que nous-même étions seuls à pouvoir occuper celle à ses côtés.
C’est pourquoi, l’amour exige une différence et implique une transgression, dans le sens d’aller au-delà de nous-même, de cesser de nous croire complet, suffisant, tout-puissant, capable de nous assumer tout seul. L’amoureux proclame son amour, il ne peut pas le garder pour lui, il en parle sans arrêt, il est fier de la personne aimée, il l’admire et la respecte. Il se demande comment elle a pu l’aimer lui, qui se sent si imparfait et en même temps il se sent capable d’affronter et de vaincre tout ce qui pourrait porter atteinte à cet amour.
L’amour entre un homme et une femme, appelés à devenir une nouvelle organisation vivante, est fait dans un premier temps d’un attrait pour un autre soi-même, à la fois semblable et différent, mais qui correspond à cette partie qui manquait en soi. Il se passe la même chose chez les deux personnes en présence : il y a une coïncidence, une conjonction, une conjugaison des circonstances, des sentiments, des désirs profonds. Il y a ainsi simultanément un enrichissement réciproque qui produit le désir et en même temps la joie, l’exaltation, le sentiment d’être riche, de déborder de ce que nous-même nous avons donné.
Être amoureux c’est retrouver l’humilité de notre condition d’homme ou de femme, c’est-à-dire d’un être qui a besoin d’un autre pour se réaliser, s’épanouir, vivre avec le sentiment d’exister vraiment en aimant et en se sachant aimé en retour. Le sentiment amoureux semble être aussi un phénomène naturel physique et biologique comme s’il y avait une correspondance, une sorte de message chimique, un moment particulier et distinct du quotidien et dans des circonstances données. Ce phénomène est universel quels que soient les milieux, les cultures, les sociétés ou les époques : il appartient strictement à l’espèce humaine unique.
Le véritable amour, celui qui fait d’une personne un être amoureux, en état d’amour, est orienté vers l’autre, centré sur ses désirs pour y répondre et lui donner le meilleur de soi. Et réciproquement. L’amour, « être en amour », est un échange, un partage. Il est lumineux, chaleureux, lucide. Il est vivant, débordant, joyeux. Être amoureux, c’est ôter le masque, être soi, avec le désir de ne plus se cacher, mais d’exister pleinement pour la personne aimée.
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