Avez-vous le sentiment d’aller vers une maturité, une unité conjugale?
IL : oui ! Nous fonctionnons de façon synchrone ! Nous n’avons pas besoin de beaucoup de mots pour nous comprendre ou même anticiper les demandes.
ELLE : il arrive quand même parfois que nous nous trompions et que nous croyions réaliser quelque chose avec l’accord de l’autre alors qu’en fait, nous avons satisfait un désir propre.
IL : il est quand même nécessaire de nous parler, afin que les choses soient bien claires et surtout que soyons du même avis pour l’essentiel de nos décisions, choix de vie, projets, etc.
ELLE : il y a des domaines où je décide seule, car je sais que c’est ma part dans la gestion de nos affaires, et où je ne me mêle pas de ce que fait mon mari, car je sais que c’est sa responsabilité et son domaine à lui.
IL : nous avons appris, et c’est bien commode, à ne pas empiéter sur le territoire de l’autre. Nous nous sommes mis d’accord dès le début sur les différents rôles à tenir et les responsabilités à assumer.
ELLE : ça n’empêche pas de nous aider mutuellement quand l’un ou l’autre est débordé dans sa tâche. C’est une question de confiance… et de solidarité.
IL : la réalité de cette aide mutuelle, accordée à la demande, nous permet de trouver ensuite du temps pour nous… et de nous reposer !
ELLE : je crois que c’est important que chacun ait son champ d’action sans craindre que l’autre ne mette son nez ou émette un avis critique ou une réprobation quant à la manière de procéder. À partir du moment où nous décidons de faire quelque chose, ce n’est pas la façon dont nous la faisons qui compte, mais le résultat recherché.
IL : nous avons constaté ainsi nos différences en tant qu’homme et femme dans la conception que nous avons de nos actions ou activités, ou dans les points de vue… et compris que ce qui a de la valeur c’est l’objectif visé, choisi d’un commun accord, et non la forme pour y arriver.
ELLE : cela n’a pas été sans mal, sans conflit, sans incompréhension de l’un ou de l’autre quand il restait figé sur ses positions. C’est là que nous avons réalisé la valeur de la communication, du dialogue pour exprimer chacun son opinion et à partir de cette mise en commun trouver un accord qui satisfasse les deux et qui serve le couple.
IL : j’avoue avoir eut du mal à me placer sur le même plan que ELLE, et avoir été irrité parfois lorsqu’elle n’adhérait pas à mes propositions ou qu’elle émettait une réserve.
ELLE : quelquefois, j’avais même l’impression que IL estimait qu’étant une femme, je ne pouvais pas comprendre et qu’il attendait que je souscrive, les yeux fermés, surtout la bouche fermée, à ses directives !
IL : heureusement, notre amour nous poussait à surmonter ces différences et à les prendre comme une occasion de nous enrichir mutuellement et d’élargir notre vision des choses pour mieux les aborder, les comprendre et les maîtriser.
ELLE : il y a des circonstances de la vie qui échappent à notre maîtrise et il est nécessaire alors d’être deux pour affronter la tempête, se serrer les coudes, être solidaire l’un de l’autre et chercher ensemble les meilleures solutions à des situations qui seraient insurmontables ou au moins difficiles à gérer sans le lien d’amour.
IL : c’est pour cela que Dieu a créé la femme : parce que l’homme dans sa fragilité d’humain ne pouvait pas gérer tout seul sa vie et qu’il lui fallait une aide à ses côtés.
ELLE : une « auxiliaire de vie » qui est sa compagne, sur le même plan que lui pour rester en vis-à-vis et son égale.
IL : son égale : ce n’est pas celle qui fait les mêmes choses, ni qui prend sa place, mais celle qui complète, améliore et peaufine son action, dans l’intérêt de la communauté familiale.
ELLE : comme la femme vertueuse des proverbes, elle prend des initiatives et agit selon ce qu’elle pense être le mieux pour son foyer. Elle est sûre d’elle, convaincue que ce qu’elle entreprend est bien et bon pour sa famille.
IL : son mari est fier d’elle et lui donne des louanges et non des critiques comme trop souvent ! Il doit l’honorer et respecter sa fragilité, c’est-à-dire faire en sorte qu’elle se sente en sécurité. Il devrait aussi l’aimer comme lui-même et prendre soin d’elle comme étant son propre corps.
ELLE : en fait, l’amour conjugal, c’est vouloir le bien de son conjoint dont découle notre propre bien. Cet amour n’est pas conditionné par ce que fait ou ne fait pas l’autre, par ce qu’il dit ou ne dit pas, il est donné sans réserve, parce qu’il existe indépendamment des circonstances.
IL : l’amour est au-delà de la personne, il la transcende et passe en elle pour déborder sur ceux qui se trouvent alentour. La personne est alors comme un canal qui communique cet amour.
ELLE : nous avons l’air de « bien parler », mais tous ces principes nous avons dû les apprendre et les assimiler dans notre vie de couple au travers des crises.
IL : quand ça « coinçait » entre nous, nous cherchions dans la Parole de Dieu les instructions pour nous sortir de nos problèmes ou bien nous en parlions à des personnes de confiance. Nous savions que notre amour était fort et nous désirions vraiment faire les efforts pour nous sortir des conflits.
ELLE : nous avons appris le dialogue, le réflexe de dire les choses telles que nous les ressentions, dans le respect de nos sensibilités mutuelles, et avec le souci de la clarté, de la lumière quant à nos sentiments et émotions.
IL : ce n’est pas naturel pour un homme de dévoiler ce qu’il a à l’intérieur de lui. Souvent même, il est incapable de le définir. Surtout il est prisonnier des idées fausses sur la manière de se comporter en « homme ».
ELLE : la femme est plus apte à l’analyse et l’exprime plus facilement. De ce fait, parfois, elle croit que son mari n’éprouve rien ou est indifférent, alors qu’en fait, il pense qu’en tant qu’homme, il ne doit pas « s’abaisser » à exprimer ce qu’il ressent, mais rester objectif.
IL : nous avons du mal, nous les hommes à nous extraire de la pensée collective de l’homme supérieur, infaillible, compétitif, qui ne doit manifester aucune faiblesse et gérer ses affaires ainsi que son foyer d’une main de maître !
ELLE : nous sommes loin de la pensée biblique qui situe homme et femme sur le même plan dans une égalité de valeur qui les rend dignes d’être aimés et capables d’aimer !
IL : le couple est un lieu privilégié pour éprouver et vivre l’amour dans toutes ses dimensions. Chaque être humain, homme et femme, a été créé avec toutes les capacités qui lui permettent d’expérimenter cet amour et d’en éprouver du plaisir, aussi bien sur le plan physique, que moral, mental et spirituel.
Savoir vivre en couple | Maturité et bonheur épisode10
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NOUS : Pour l’humanité, l’amour est un besoin vital, essentiel. La faculté d’aimer les autres autour de soi et le sentiment d’en être aimé donnent une sécurité intérieure inestimable. L’amour est bien plus qu’un sentiment. Il est don de soi, du meilleur de soi, c’est un élan vers l’autre, avec le désir de satisfaire ses attentes et de lui donner de la joie. C’est un amour oblatif, qui donne, dans le respect de la différence, en toute liberté. La richesse de l’attachement du couple n’est pas dans ce que chacun en obtient mais dans ce que chacun y apporte et y investit.
L’amour n’est pas dans le verbe « aimer » mais dans le sujet de ce verbe, dans la personne qui aime. C’est ce que nous y mettons, ce que nous donnons de nous-même qui fait l’importance de cet amour et sa profondeur. Ce qui soutient toute la vie conjugale, ce qui en est le fondement et en même temps le fruit, c’est l’amour. Dans le couple, il s’agit moins de tout faire pour être aimé que de tendre tous nos efforts pour aimer l’autre. L’amour est une dynamique, il implique un travail, qui suppose un coût et des exigences personnels, et une réciprocité dans ces efforts pour qu’il y ait un résultat, et le terme conjugal est tout à fait adapté ! L’amour n’est pas seulement un sentiment restreint au domaine amoureux ou affectif, l’amour est d’abord un état d’esprit, la reconnaissance d’autrui, de sa valeur, de sa position par rapport à soi. La volonté intérieure de donner notre amour déclenche la transformation de notre être profond, et mène à la réalisation de notre personnalité de façon bien plus sûre que le seul fait de nous savoir aimé.
Ce désir laisse à autrui toute sa liberté, en l’exonérant du devoir de combler nos multiples besoins et désirs… et nous libère nous-même de cette même attente de sa part. Nous avons la liberté de puiser en nous-mêmes l’amour que Dieu nous donne et que nous devons porter à notre conjoint mais aussi à toutes les personnes de notre entourage. C’est une dette que nous avons à l’égard de Dieu ! L’amour vrai passe par l’estime de soi, qui est l’acceptation de ce que nous sommes, avec la juste évaluation des qualités et des défauts, ce qui permet de les accepter chez autrui. L’estime de soi est aussi fondée sur la juste compréhension de l’amour de Dieu qui est pure grâce, don immérité et que nous pouvons recueillir en nous-mêmes. Qui dit amour dit pardon, c’est-à-dire passer par-dessus une offense, une faute de la part de l’autre, quitter le territoire humain qui appelle vengeance, colère, révolte, mépris, ou attitude hypocrite, pour s’élever vers le Christ afin de recevoir la grâce de son amour, versé dans le cœur de ceux qui croient en Lui par le Saint-Esprit.
Le pardon n’est pas une simple ordonnance divine, un devoir, un geste légal et consenti, c’est un processus de changement personnel qui mène à la libération de la personne. C’est un acte délibéré qui manifeste le renoncement à un droit, celui de la réparation de l’offense. Le pardon est au-delà d’une comptabilité qui exige de rendre selon ce qui est donné, et qui place l’offenseur comme le débiteur de l’offensé. Qu’est-ce pour vous la maturité du couple ? Le pardon délie la personne qui a fait du tort et l’invite à ne plus se laisser aller au mal, en lui offrant un nouveau départ, une re-création et la paix avec l’offensé et surtout avec elle-même. Le pardon est un don. Comme l’amour, sa source est en Dieu qui est Amour.
Vivre ensemble c’est partager son lit, sa table, son espace, c’est « respirer » ensemble, c’est-à-dire s’accorder, mettre en commun ce qu’on a, ce qu’on fait et ce qu’on est pour obtenir un résultat impossible à trouver seul et qui est la sécurité affective. L’amour ne s’exprime pas au niveau du « faire » ou de « l’avoir », mais au niveau de « l’être », qui fait référence au cœur et à l’être intérieur de chacun. Avant de se communiquer aux autres, cet amour-là s’apprend à partir de ce que nous en recevons dans notre vie personnelle familiale. L’amour dépasse l’individu et concerne tous les aspects de sa personne et de sa vie. L’amour se cultive pour se garder et se développer en amour véritable, indéfectible et inconditionnel.
L’amour vrai, celui qui se donne et qui donne de soi est généreux et élevé. C’est lui qui est le ciment de la vie conjugale, de ce lien qui crée le couple et le maintient en existence, en l’élevant vers l’épanouissement. Il est orienté vocation de témoigner et d’être le reflet de l’amour divin qu’il tend à rejoindre et à imiter.
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