Le célibat: une épreuve ou un échec?
Projet amoureux | Le « je » tue le « nous »
Enquête sur les verrous de la vie affective
En attendant que , d’autres le vivent plutôt comme un temps de croissance ». L’homme idéal à la recherche de la femme idéale : le meilleur moyen de rester célibataire ! » (Dominique Blondeau). Les raisons pour lesquelles une personne demeure célibataire sont souvent complexes et liées à son histoire. La question de l’évolution de la place de la femme et de l’homme dans la société a sans doute aussi son poids : beaucoup d’hommes célibataires avouent ne plus très bien savoir comment se positionner par rapport à des femmes qui n’ont plus besoin d’eux…
De nombreux freins types peuvent cependant être identifiés. Le premier d’entre eux est sans doute l’attente de la personne idéale. Beaucoup de célibataires ont ainsi dans la tête une liste précise de critères à cocher pour être l’élu/e de leur cœur (détails physiques, milieu social, caractère, etc). À l’inverse, les gens mariés savent que, bien souvent, ce sont justement les personnes qui ne remplissent pas la check-list – hormis pour les valeurs essentielles – qui partagent finalement leur vie !
Célibat et fausses croyances
Beaucoup de personnes vivent aussi avec des « fausses croyances », parfois très handicapantes : « c’est mal de vouloir plaire », « les hommes sont immatures », « les femmes sont castratrices », « les hommes ont peur de s’engager », « je ne suis pas intéressante », « les hommes gentils sont ennuyeux », etc.
Certains vivent des échecs affectifs à répétition. Ces scénarios sont souvent dus à une problématique liée à leur histoire : peur de l’attachement, manque de sécurité intérieure, etc. Chez d’autres célibataires, c’est l’idéalisation du couple qui bloque la construction d’une vie affective. S’ils n’ont pas un coup de cœur à la première rencontre , ils n’approfondissent pas. Pourtant une relation amoureuse peut commencer de bien des manières, pas nécessairement romantiques, sans que cela en hypothèque l’avenir. Et le coup de foudre n’est sûrement pas la garantie d’une vie de couple facile et épanouie dans l’avenir…
Un amour fast food
De la même manière, certaines personnes s’imaginent que, le jour où elles seront enfin en couple, l’autre va les combler par son amour ou deviner intuitivement ce qu’elles ressentent… Les désaccords ou les incompréhensions au début d’une relation peuvent ainsi les empêcher d’aller plus loin. Ces personnes cherchent un amour prêt à consommer.
Pourtant, un couple solide se construit lentement, avec des efforts, des concessions et beaucoup de communication. L’amour n’est pas une question de sentiments amoureux, mais de volonté d’aimer. La relation peut également être recherchée pour combler un vide ou se donner confiance : l’autre n’est pas aimé/e pour ce qu’il est mais pour ce qu’il apporte. De la même manière, beaucoup même dans les couples installés attendent que l’autre leur ressemble, pense comme eux, corresponde à leurs attentes, etc. Ils n’acceptent pas de se laisser surprendre par sa différence.
Projet amoureux | Le « je » tue le « nous »
Une relation authentique ne peut se construire que lorsque l’autre est aimé/e pour lui-même/ elle-même, avec ses limites. L’engagement est souvent une autre grande difficulté. Certains n’arrivent pas à franchir le pas, notamment par peur de renoncer aux autres relations qu’ils pourraient potentiellement vivre. Ils sont comme sur un rond-point : ils s’imaginent être libres parce qu’ils peuvent prendre plusieurs routes. En réalité, ils tournent en rond et sont enfermés. C’est en s’engageant et en choisissant de construire une relation, à l’exclusion des autres, qu’ils seront libres et heureux.
Enfin, à partir d’un certain âge, beaucoup expriment avoir du mal à rencontrer de nouvelles personnes, à force de fréquenter toujours les mêmes amis, par ailleurs souvent en couple… Débloquer les freins. Parmi tous ces freins, certains sont plus faciles à lever que d’autres. Certains pourront se débloquer dans le dialogue avec une personne extérieure : un conseiller conjugal, un coach ou un psychothérapeute, en fonction de la problématique.
Projet amoureux | Le « je » tue le « nous »
Vécu dans l’ouverture, le célibat peut aussi devenir un temps d’enrichissement personnel. En s’intéressant aux autres, en construisant des relations authentiques, en donnant de son temps pour une cause, on se décentre de soi. Ce don de soi rend heureux et prépare aussi à la vie de couple du mariage .
D’autre part, une personne heureuse rayonne et attire. Ainsi, pourquoi ne pas profiter de cette grande disponibilité pour se tourner davantage vers les autres ? S’il est nécessaire de se rendre disponible aux rencontres, inutile en revanche de multiplier les aventures sans lendemain. Mieux vaut choisir des activités riches à partager entre célibataires : voyages, sorties, retraites, club de sport, associations…
Quid des sites internet de rencontre ? Ce sont des moyens efficaces pour faire de nouvelles connaissances. Mais pour cela il faut être très au clair sur ce que l’on veut, être solide, le prendre avec du recul (ne pas confondre entre le virtuel et le réel). Et ne pas s’en servir comme d’un « supermarché des relations » : toutes les femmes (ou tous les hommes) sont à disposition, il n’y a qu’à se servir et consommer… ce qui ne ferait que renforcer le sentiment d’échec. (Rencontres bidon).
Valoriser ses atouts.
On peut aussi profiter de ce temps pour apprendre à mieux se connaître et à s’aimer. C’est de cette manière qu’un solo pourra davantage mettre ses atouts en valeur, et nourrir en lui ce qui est positif. Cela aidera aussi à mieux accepter ses blessures, ses difficultés, et à en faire quelque chose de constructif. Je peux aussi demander de l’aide si je souffre trop de mon célibat ou des blessures de mon histoire qu’il vient me révéler : à un psy, si j’ai besoin de travailler sur mon passé, guérir des blessures de l’enfance ou à un conseiller conjugal ou un coach pour travailler sur mes blocages du présent, analyser mes échecs, mieux me connaître, identifier mes atouts, définir mon projet amoureux, garder une juste distance dans les relations…
Quel que soit notre état de vie, mieux vaut ne pas attendre de vivre un conte de fée pour choisir d’être heureux. À chacun de décider d’être acteur de sa vie et responsable de son bonheur dans les conditions actuelles et en préparant l’avenir.
Propos recueillis par Émilie Pourbaix
Paru dans l’1visible n°29 septembre 2012 http://www2.l1visible.com/